Mercredi 30 septembre, le tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône a placé Eolane en redressement judiciaire. Les 77 salariés de l'entreprise de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) dénoncent une "escroquerie".

Le jeudi 1er octobre, les 77 salariés de l'entreprise de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) ont rencontré les représentants du personnel pour faire le point sur les conséquences de la décision de justice. La veille, le tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône a placé Eolane en redressement judiciaire, pour une durée de six mois. Le tribunal a rejeté toutes les demandes du CSE. La procédure délivre une période d'observation allant jusqu'au 30 mars 2021, restreinte au 19 novembre 2020. 

 

"Les juges et le parquet ont validé une escroquerie"

Alain Schleich, élu au CSE


Alain Schleich, secrétaire au CSE, dénonce un "scandale" : "Les juges et le parquet ont validé une escroquerie de grande envergure faite par un groupe international. Dans ce contexte là, il transfère le coût (NDLR : des licenciements) sur la collectivité. Il permet de la même manière la poursuite des abus tant par le groupe que par d’autres sociétés qui vont recopier ce modèle qui marche si bien pour eux"

Quant à la période d'observation de 45 jours fixée par le tribunal de commerce, Alain Schleich n'imagine aucune issue positive : "45 jours de phase d’observation alors qu’on vit dans une coquille vide ! Il n’y a plus d’activité, plus de matériel, plus rien dans notre site.[...] Qui voudrait reprendre un bâtiment dans cet état ? Personne !"

 

 

De multiples rebondissements

Eolane est une entreprise qui fabrique des cartes électroniques. A la suite de l'entrée dans le capital d'un fonds d'investissement en 2017, une restructuration du groupe est annoncée avec un projet de fermeture du site de Montceau. Une action en justice retarde cette procédure, les salariés gagnent du temps. De plus, grâce à une reprise de commandes, la fermeture est annulée en décembre 2018, car des perspectives de commandes s'ouvrent pour 2019.

Mais le spectre de la fermeture du site réapparait en janvier 2020 : un possible repreneur du site se profilait en mai 2020, mais son action va pas aboutir.
En septembre 2020, le repreneur se désiste définitivement. Et le 21 septembre, la double annonce tombe pour les salariés : pas de reprise possible et cessation de paiement, avant le placement en redressement en judiciaire le 30 septembre.  
 

"Voilà que la justice va dans le sens de patrons voyous"

Alain Schleich - élu au CSE


Depuis plusieurs semaines, Alain Schleich souhaitait attirer l'attention de l'opinion nationale sur "la façon dont le groupe organise le pillage des AGS" (NDLR : le régime de garantie des salaires qui verse les indemnités aux salariés licenciés ndlr). Selon lui, "l’entreprise fait un profit en récupérant les machines, les a transférées ailleurs dans le groupe, et récupère les clients du site de Montceau-les-Mines et se défait de 77 emplois. Pour faire un dépôt de bilan, il faut prouver que le site est allé à sa perte."

Pour l'élu, la période d'observation de 45 jours débouchera sans aucun doute sur une liquidation judiciaire : "A partir du 19 novembre, c’est quasiment certain, ce sera la liquidation judiciaire et trois semaines après le licenciement de la totalité des salariés. Ce qui est un scandale. Avec tout ce qu’on a pu expliquer sur les abus de la direction et le montage de ce système de cessation de paiement complètement artificiel, voilà que la justice va dans le sens de patrons voyous."
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